Projet Aroeira, un commerce vraiment équitable
Aroeira est une association autogérée de petits récoltants, dans le deuxième état le plus pauvre du Brésil, Alagoas. C’est l’ONG Eco-Engenho de Maceio qui a lancé ce projet pour venir en aide aux producteurs de la localité de Piaçabuçu et leur permettre de recevoir un salaire équitable en créant un accès à une formation, à l’énergie et à une vie digne.
Alors que les récoltants étaient prêts à vendre leurs récoltes de poivre rose à 1€/kg - ce qui ne leur permettait pas de subvenir à leurs besoins - l’ONG Eco-Engenho s’est fixé l’objectif de 88€/kg, en montant un projet sur mesure pour cette petite localité nordestina, grâce à l’association Aroeira. Le pari mené au sein du projet Aroeira, est de sélectionner les meilleurs grains et ainsi créer des produits de première qualité, bien au-dessus de la moyenne du marché. La valeur ajoutée supplémentaire est tant justifiée par le travail fait par les récoltants que la qualité intrinsèque du produit.
Ce projet est crée par et pour les locaux, elle permet de gérer la récolte, le séchage, la mise en valeur et le conditionnement du poivre rose, avec l’aide des différents investissements - 200 000€- réalisés sur place par l’ONG. Pour mener à bien ce projet, il fallait l’indispensable fée électricité, qui sur place au moment du lancement du projet, se révélait peu accessible. Eco-Engenho étant spécialisé dans le développement de projet écosoutenable, a mis en place une filière d’approvisionnement en énergie à travers :
• La création d’une centrale solaire, qui permet d’alimenter l’association en énergie électrique, et en cas de surplus, des maisons du village.
• Le développement d’un four solaire, qui lui crée la chaleur nécessaire au séchage des baies rouges fraichement cueillies sur place.
• Un système de pompage d’eau à l’énergie solaire.
Pour approfondir la soutenabilité du projet, des cours et des sessions de formation ont été mis en place, notamment sur les problématiques suivantes :
• Gestion d’entreprise de manière à ce que les membres puissent prendre le relais de la gestion du projet.
• Développement durable : cours dispensés par des agronomes spécialisés, pour apprendre à ne pas dégrader l’environnement et les récoltes futures lors de cueillettes.
• Education : lire et écrire pour participer activement à la vie associative.
Plusieurs familles ont profité des installations et de la formation apportée par l’ONG au travers du programme Aroeira, tant sur l’amélioration du confort de vie, que le développement personnel et professionnel des individus. 60% du prix de vente revient au producteur, sans aucune condition. Le reste revient à l’Association Aroeira : l’ONG ne reçoit aucun profit, ni aucun remboursement de prêt, l’ensemble des investissements ayant été fait grâce à des dons ou des subventions. Les 40% revenant à l’association permettent notamment de payer les coûts directs (emballages par exemple) et indirects (administration, manutention, etc), de faire des provisions pour investissement et aussi créer un fond commun de solidarité.
Ce projet mené par Eco-Engenho se veut de montrer que d’autres solutions existent pour sortir les gens de la pauvreté. En développant ce social business, Eco-Engenho a réussi le pari de changer les comportements des membres de l’association, qui se sentent intégrés au processus de décision et à une répartition juste et équitable des charges de travail ainsi que des bénéfices. Les difficultés aujourd’hui, sont celles d’un nouveau produit : la confrontation avec le marché. D’une part, les différents circuits de distribution sont occupés par de grandes entreprises cherchant à écraser les coûts d’achats ne garantissant pas un revenu juste aux producteurs, et d’autre part le marché européen, lointain et difficilement accessible sans une accréditation internationale, ne permettent pas d’écouler encore les stocks produits.
C’est l’une des raisons de cet article : faire connaître le produit, le projet, les idées de développement qui sont derrière, mais aussi dénoncer le système imposé par des organismes de certification biologique ou équitable - exemple de Max Havelaar, avec un droit d’accès élevé de 2 300€ à leur certification. Si vous êtes un des acteurs de la filière biologique ou équitable, ou du secteur des épiceries fines, n’hésitez pas à nous écrire pour nous donner des pistes ou éventuellement collaborer.